Révolution en Classe : Le Mali Supprime la Leçon sur la Révolution Française

Le ministère de l’Éducation nationale du Mali a annoncé dans une note officielle publiée le 9 octobre 2025, la suspension de la leçon sur la Révolution française de 1789 dans toutes les classes de 9ème année. Alors que certains applaudissent cette initiative, d’autres craignent un appauvrissement des connaissances historiques des élèves.

Dans sa note, le Secrétaire général du ministère, Boubacar Dembélé, a instruit les responsables scolaires de prendre « sans délai » toutes les mesures nécessaires pour appliquer cette suspension. Le texte précise également que tout manquement sera suivi de « mesures appropriées ». Ainsi, à partir de cette date, la Révolution française ne figure plus parmi les leçons enseignées dans le programme d’histoire du cycle fondamental (classe de 9è année).

Même si le ministère n’a pas donné de justification détaillée, plusieurs sources éducatives estiment que cette mesure s’inscrit dans une révision générale des programmes scolaires. L’objectif serait de revaloriser l’histoire nationale et africaine, en donnant plus de place aux luttes, aux héros et aux mouvements historiques du Mali et du continent. D’autres observateurs y voient aussi une volonté de souveraineté culturelle, dans un contexte de redéfinition des rapports entre le Mali et certains pays européens, notamment la France.

Cette suspension a suscité diverses réactions au sein de la population. Certains enseignants saluent une décision qu’ils jugent courageuse et patriotique, estimant que les élèves doivent d’abord connaître leur propre histoire avant d’apprendre celle des autres peuples. D’autres, en revanche, s’inquiètent du retrait d’un chapitre universel, symbole des notions de liberté, d’égalité et de droits de l’homme, qui ont marqué l’histoire mondiale.

Des parents d’élèves se demandent également ce qui remplacera cette leçon, craignant que les enfants soient privés d’une compréhension complète des révolutions ayant influencé le monde moderne.

Entre pédagogie et identité

Cette décision soulève une question essentielle : quelle place accorder à l’histoire mondiale dans l’éducation malienne ? Pour certains experts, il ne s’agit pas d’effacer le passé des autres, mais de rééquilibrer les contenus afin de permettre aux jeunes de se construire une identité solide, enracinée dans leur propre culture. Le défi sera donc de trouver un juste équilibre entre l’histoire du Mali, celle de l’Afrique et celle du monde.

Le ministère de l’Éducation a indiqué que de nouvelles orientations pédagogiques seront bientôt proposées. Ces changements pourraient inclure davantage de leçons sur les empires africains, les résistances coloniales, ou encore les grandes figures historiques du Mali comme Soundiata Keïta, El Hadj Oumar Tall ou Modibo Keïta.

Cette décision traduit une volonté de repenser l’enseignement de l’histoire selon les réalités nationales et africaines. Toutefois, pour qu’elle soit pleinement comprise et acceptée, elle doit être accompagnée d’une communication claire et d’un contenu pédagogique cohérent, au service de la formation citoyenne et culturelle des élèves.

Aissata TRAORE (stagiaire)

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