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Pénurie de Carburant au Mali:  L’’intensification malgré les Promesses d’Approvisionnement

Au Mali, la promesse des autorités de transition d’apporter un soulagement aux Bamakois face à la pénurie d’essence s’est heurtée à la réalité du terrain. Alors que plusieurs camions citernes escortés par des militaires sont arrivés à Bamako le 7 octobre, les habitants de la capitale peinent à constater une amélioration significative de la situation. La pénurie est due à l’embargo imposé par le groupe djihadistes Jnim, affilié à al-Qaïda, sur les importations de carburant.

La crise d’approvisionnement touche non seulement Bamako, mais également les autres régions du pays. « Le Mali, ce n’est pas que Bamako. Quand la capitale est servie, il ne faut pas faire comme si le reste du pays n’existe pas », déclare un habitant de Sikasso, à seulement 130 km de la Côte d’Ivoire. « Nous vivons ici une difficulté d’approvisionnement et nous sommes déjà dans la deuxième semaine. C’est difficile à comprendre », ajoute-t-il, avec un regard de frustration.

Les témoignages des citoyens reflètent une réalité troublante. H.D., un enseignant à Bamako, confie : « J’ai pu faire le plein et même un peu de réserves, mais ce n’est pas gagné. » D’autres, comme Moussa Diarra, décrivent leur parcours du combattant pour trouver du carburant, déclarant : « J’ai dû aller dans plusieurs stations pour avoir la moitié de ce dont j’avais besoin. » Les files d’attente s’allongent devant les rares stations-service encore approvisionnées, devenant une scène familière dans la capitale.

Ténin, une jeune étudiante, témoigne de la nouvelle stratégie adoptée : « Il faut faire le tour de plusieurs stations pour espérer en trouver une ouverte. Maintenant, on appelle nos connaissances pour s’informer sur la disponibilité avant de consommer inutilement ce qu’on a déjà. » Cette situation illustre une crise d’approvisionnement qui affecte de manière alarmante la vie quotidienne des Maliens, engendrant frustration et détresse.

La pénurie d’essence n’est pas seulement un problème localisé. De Gao à Mopti, les stations-service sont souvent à sec, et le litre d’essence se vend désormais entre 1 500 et 2 000 FCFA dans certaines localités, bien au-dessus du prix officiel de 775 FCFA. À Bamako, la crise commence également à se faire sentir avec des stations fermant temporairement faute de stock, tandis que les motos-taxis peinent à assurer leurs courses quotidiennes.

Cette crise persistante repose sur plusieurs facteurs :

– L’insécurité sur les routes : Les zones d’approvisionnement sont devenues dangereuses, rendant le transport de carburant risqué.

– Les blocus des groupes armés : Dans certaines régions, les routes sont entravées par des groupes armés, bloquant la circulation des produits pétroliers.

– Dépendance extérieure : Le Mali importe la quasi-totalité de son carburant, rendant le pays vulnérable aux perturbations.

– Spéculation : Certains revendeurs profitent de la rareté pour augmenter les prix, aggravant ainsi la souffrance des consommateurs.

– Difficultés de distribution : La répartition inégale des ressources entre les régions complique la situation.

Les effets de la pénurie se font sentir dans tous les secteurs. Les transports publics fonctionnent au ralenti, entraînant des hausses de tarifs. Dans les quartiers populaires, la détresse des populations est palpable, et le désespoir grandissant face à une crise qui complique leur quotidien.

Face à cette colère croissante, les autorités maliennes assurent qu’il n’y a pas de rupture nationale de stock. L’Office national des produits pétroliers (ONAP) et le ministère du Commerce promettent un retour progressif à la normale tout en appelant à éviter la panique et la spéculation. Des contrôles ont été lancés dans plusieurs stations-service pour s’assurer du respect des prix officiels.

Cependant, malgré les promesses de renforcement de l’approvisionnement, des doutes persistent. Les chauffeurs routiers, qui transportent du carburant au Mali depuis les pays voisins, restent inquiets. Leurs craintes sont nourries par des témoignages de difficultés rencontrées sur le terrain, notamment en raison des menaces d’attaques dans certaines zones.

Un Défi National à Relever

Pour surmonter cette épreuve, le Mali doit sécuriser ses corridors logistiques. La stabilité économique et le bien-être des populations en dépendent. Cette pénurie d’essence dépasse le simple problème d’approvisionnement. Elle est le reflet d’une crise plus profonde, mêlant insécurité, dépendance économique et mauvaise répartition des ressources. En attendant des solutions durables, les Maliens continuent de subir les conséquences d’une crise qui paralyse leur quotidien et alourdit le coût de la vie. Si l’essence demeure rare, le gasoil reste encore accessible, mais cela ne fait qu’augmenter l’inquiétude et la frustration dans un pays déjà éprouvé par de multiples défis.

Aissata TRAORE (stagiaire)

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